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Théâtre en Normandie

"Rouen impressionnée" ... ouvrir l'espace urbain

6 Juillet 2020 , Rédigé par François Vicaire

Il y a quelques années, aux limites de Quevilly et de Rouen, sur une grande surface muette surgit un jour un « Angelus » de Millet plus grand que nature et qui fut en quelque sorte le signe avant-coureur de ce « StreetArt » dont « Rouen Impressionnée » a pris le relais.

A l'époque, ce fut une tentative qui avait le mérite d'ouvrir une porte sur une nouvelle manière de regarder la ville et qui mettait en évidence les fulgurances visionnaires d'un Pierre Garcette dont la profonde originalité, additionnée d'un bonne dose d'irrespect, marqua véritablement son époque et l'a souvent devancée.

Depuis « L'Angelus » a disparu et ses glaneuses sont reparties sous d'autres cieux avec leurs gerbes sous le bras. L'épisode qui n'aura duré que le temps d'une moisson illusoire met en évidence les complexités d'un art qui allie les beautés de l'éphémère à celles d'une expression artistique se déployant dans un monde en recherche de nouveaux horizons socio-culturels.

le calamard des quais de Rouen... depuis 2010, il nage !

Un néo-muralisme qui relève d'une réflexion à la fois esthétique et sociale dans laquelle les acteurs de la ville et les artistes, y compris les architectes, se retrouvent, dialoguent et construisent ensemble un nouvel espace urbain. Dans cette perspective, Rouen depuis 2010 confie son espace public à des artistes qui au fil des ans revisitent la ville. Une démarche qui, parallèlement à un patrimoine architectural et historique remarquable, entend affirmer une nouvelle modernité en éclaboussant de richesses colorées les rigueurs anonymes nées des reconstructions de l'après-guerre. Les Hauts-de-Rouen et certains quartiers de la Rive-Gauche sont des champs d'exploration sur lesquels vont travailler les onze artistes choisis par Olivier Landes, commissaire général de la manifestation, mais aussi, et d'une manière plus intéressante à suivre, le « traitement » que la très ancienne rue des Vergetiers risque de subir. Coincée entre le Gros-Horloge et la rue aux Ours, elle a perdu il faut l'avouer un peu de son charme originel et ce sera pour elle l'occasion de retrouver les beautés quelque peu vivifiantes que le temps lui avait fait perdre.

Ainsi, dès maintenant jusqu'au début de l'hiver, Rouen va s'habiller de neuf en déclinant de nouveaux aspects faisant un sort à sa mission immémorialement dévolue de « ville-musée ».

Il y aura d'abord l'exposition d'art mural en espace public réunissant une vingtaine de créations d'artistes internationaux (Argentine, Espagne, Russie, Italie, Grande-Bretagne, Allemagne) et bien évidemment des Français dont la rouennaise Liz Ponio.

Olivier Landes à Grammont... au loin Nélio peint les nuages!

Cette exposition à ciel ouvert se visitera au fil d'un itinéraire reliant les quartiers Grammont et Saint-Sever. Ce sera aussi l'occasion de réactiver les parcours de l'édition précédente puisque la quinzaine de fresques murales réalisées en 2016 reste encore visible dans le quartier des Sapins, sur le port et en centre-ville. Car l'intérêt de ces rencontres est de faire se rencontrer l'éphémère et le durable. Comme les tags ou les graphiti dont on peut le considérer comme un prolongement élaboré, le « StreetArt »  est aussi un terrain d'aventures sur lequel peut s'épanouir toutes les formes de happening. Cela ira du revêtement intégral d'une maisonnette en tricot à la réalisation d'une fresque sur une imposante villa du XIXème en passant par l'installation éphémère à base de légo sur un édifice patrimonial du centre-ville.

On le voit, les approches artistiques vont être multiples, fascinantes, curieuses et pourquoi pas dérangeantes. Mais de quel ordre qu'elles puissent être, elles seront toutes marquées par le soucis de donner au monde urbain des couleurs et au bout du compte de susciter une réflexion sur son devenir. Et ce sera l'objet d'un Forum autour de l'art urbain qui réunira des professionnels, artistes et historiens du streetArt au Hangar 107, sur les quais de Seine.

Solidement implantée sur les deux rives de la Seine « Rouen impressionnée » est devenue un rendez-vous qui permet de tisser dans la durée des liens entre les structures traditionnelles d'une ville au passé historique très fort et les préoccupations de quartiers culturellement conçus par la force des choses d'une manière plus anonyme. C'est l'opportunité de renouveler la vision d'une cité et d'élaborer avec elle et pour elle une nouvelle philosophie de l'espace urbain permettant à ses habitants de mieux accepter leur quotidien et de le mieux vivre.

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