Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Théâtre en Normandie

Jean-François Guémy : l'homme de toutes les aventures théâtrales

16 Janvier 2014 , Rédigé par Vicaire François

Jean-François Guémy : l'homme de toutes les aventures théâtrales

Ce document, sorti des archives familiales, résume bien ce que fut Jean-François Guémy : un découvreur, un amoureux des lettres et des mots, un formateur aussi et un être de réflexion dont les jeunes générations peuvent encore et peuvent faire leur profit.

On le voit ici, il y a quelques années, à Beaubourg, lors d'une soirée consacrée à son confrère en « Oulipie » Jean Queval. On y reconnaît, entre autres, François Caradec, Jacques Jouet et à gauche le père de « La Pie Rouge », Guy Faucon qui l'accompagnera longtemps dans ses aventures théâtrales et sera, entre autre de la mythique « Charrue dans les étoiles » au Théâtre du Robec.

Le Robec fut une grande étape dans la carrière de Jean-François Guémy et bon nombre de jeunes comédiens seront marqués par cette grande et exaltante aventure, considérée pour beaucoup comme l'acte de naissance de leur engagement théâtral. Il en sera un des pères fondateurs avec Jean Chevrin, qui lui-même avait créé « Les compagnons de Bellegarde » avec ses élèves du Conservatoire et Michel Humbert , père de la « Comédie de Rouen » (quelle époque !). Jean-François Guémy leur avait montré la route avec sa « Compagnie du Beffroy ». Il s'y montrera un précurseur en présentant des auteurs comme Kafka « La métamorphose », Sheridan Le Fanu (« Camilia). Il se lancera avec ses deux frères en théâtre dans cette entreprise un peu folle qui consistait à transformer un ancien moulin installé sur le bord de la rivière en un point de rencontre qui allait bouleverser les habitudes théâtrales d'un Rouen qui campait sur son académisme. Tout était à faire sur le plan des lieux et tout était à inventer au niveau d'une programmation qui fera découvrir aux rouennais des auteurs comme Ionesco ou O'Casey et toute une théorie de jeunes passionnés dont beaucoup feront carrière par la suite.

C'est peu de dire que Jean-François Guémy fut de toutes les aventures théâtrales de Haute-Normandie. Non seulement, il les suscitera et les précédera souvent dans le même temps où il inscrivait dans le paysage dramatique qui était en train de naître dans la mouvance de 68 des perspectives nouvelles.

C'est ainsi qu'il sera d'une certaine manière le parrain du Théâtre des Deux-Rives. A la suite de la seconde mise en scène que Maxime Gorki lui avait demandée (la première étant un « On ne badine pas avec l'amour » qui reste une référence), Alain Bézu monta « L'alcade de Zalamea» de Calderon avec Jean-François Guémy dans un des rôles principaux. C'est à l'occasion de ces représentations qui furent des révélations que Bézu décida en 1972 de donner une forme juridique à sa compagnie et c'est Guémy qui trouvera le nom des « Deux-Rives » qui devra attendre 1985 pour qu'il s'inscrive au fronton de la salle de la rue Louis-Ricard.

Professeur de lettres, comédien, metteur en scène, animateur de compagnie, Jean-François Guémy a connu et approfondi toutes les facettes d'un métier auquel il avait consacré toute sa vie.

Ce précurseur fut surtout un homme d'une grande humanité, qui savait jeter sur le monde du théâtre un regard d'une grande exigence et d'une parfaite clairvoyance sans jamais se départir d'une distance qui donnait aux avis dont il n'était jamais avare, des lumières toujours justes, toujours teintées d'indulgence qui savaient être exigeantes mais qui n'étaient jamais marquées d'amertume. D'une grande urbanité, d'une grande tendresse, d'une grande générosité intellectuelle, il laisse le souvenir d'un maître mais aussi et surtout celui d'un ami.

- L'inhumation aura lieu le samedi 1er février à 11 heures au crématorium du cimetière monumental de Rouen

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article