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Théâtre en Normandie

Les univers extravagants et sublimés du discours politique par Laurent Dehors

5 Février 2014 , Rédigé par Vicaire François

Les univers extravagants et sublimés du discours politique par Laurent Dehors

Avec Laurent Dehors on n'est jamais au bout de ses surprises.

Chacun de ses concerts apporte son lot d'incroyables trouvailles concoctées dans le laboratoire intime de son imagination débordante. Avec lui, les sons ne sont jamais là où on devrait les attendre et... les entendre.

Il les structure, les déstructure à loisir, les malaxe avec une volupté saccageuse et en même temps les inscrit dans une re-création intellectuelle extrêmement élaborée et qui ne laisse rien au hasard.

C'est une démarche qui apparemment échappe à la logique alors qu'au bout du compte la mélodie, même triturée à l'excès, retombe toujours sur ses pieds et prend une dimension extravagante et s'en trouve, d'une certaine manière, sublimée..

D'une grande complexité et en même temps d'une grande lisibilité, le principe garde l'efficacité instinctive d'une réappropriation maîtrisée. La capacité de persuasion que dégage Laurent Dehors s'inscrit dans une démarche relevant d'un humour de potache qui se complaît souvent dans une parodie revisitée. Mais si on va plus loin, on découvre un remarquable travail dans lequel on pourrait surprendre des rapides clins d'oeil du côté de compositeurs comme, par exemple, Nono, Stockhausen ou John Cage... D'ailleurs, pour rester dans ce domaine des inspiration – plus que des références – Elise Caron dans le beau travail qu'elle accomplit sur les onomatopées fait parfois penser, par l'esprit et par le timbre, à Cathy Berberian quand elle chantait des oeuvres de son Bério de mari.

Car au milieu d'une instrumentation impressionnante et d'une fascinante équipe de musiciens rompus à des exercices de haute voltige musicale qui fonctionnent au quart de tour, on retrouve Elise Caron qui se meut comme un poisson dans l'eau dans cet univers qui semble fait tout exprès pour elle. En jouant avec les ressources d'un timbre dont la richesse lui permet de jongler sans problème avec les octaves, elle fait valoir une vertigineuse musicalité, teintée de cette grâce distanciée qu'elle sait mettre dans ses tours de chant, tout en réservant de belles et grandes plages d'élégance nostalgique dont son « Temps des cerises » a offert un bel exemple de tendresse pudique.

Le thème de ce nouveau spectacle dont la première avait lieu la semaine dernière au « Trianon Transatlantique » où l'équipe était en résidence, est « la chanson politique ». Cela va de l'Internationale qui ouvre le spectacle au célébrissime « Bella ciao » qui le ferme. Entre ces deux « standards » naviguent des titres, des textes, des « moments » qui comme un puzzle s'assemblent et se désassemblent pour construire un monde dans lequel les mots sont vaincus par la tonitruance des idées.

Dans le vertige des sonorités, les textes – comme la musique - sont l'objet de détournements constants mais jamais ces déviations sont irréversibles car au bout du compte, l'oreille et le cœur s'y retrouvent toujours. Et c'est le bonheur.

Notre photo (Hervé Samson), Laurent Dehors, Jean-Marc Quillet, Christelle Séry et Elise Caron qui sera au « Hangar 23 » le jeudi 13 février

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