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Théâtre en Normandie

Le fait des Princes qui gouvernent la culture

12 Avril 2015 , Rédigé par François Vicaire

Ceux qui penseraient en toute innocence que le fait du prince a été aboli avec les privilèges feraient bien d'aller faire un tour du côté de certains services culturels qui jouent aux chaises musicales avec les directeurs des structures sans autre raison que celle d'exercer le pouvoir que leur donne l'argent et celui encore plus exorbitant de manier la pensée.

Bon, ce n'est pas nouveau. On sait que les bailleurs de fonds ont parfois tendance – pas tous heureusement – à se prendre pour les maîtres de maison qu'ils considèrent un peu comme les leurs et dont les directeurs ne sont, à leurs yeux, que les truchements de leurs propres ambitions.

Si la Haute-Normandie n'est pas étrangère au système, elle n'est pas la seule, à afficher un positionnement quasi régalien particulièrement détestable pour ceux qui en sont victimes.

Dans le genre, la partie de bras de fer engagée entre Ahmed Mergoub et la ville de Rouen (et que Mergoub a remportée après des péripéties ubuesques) et le départ de Luciano Acocella de l'Opéra de Rouen furent, en leur temps, dans le mauvais sens du terme parfaitement exemplaires.

Pour ce qui est d'aujourd'hui, nous avons trois cas dans notre besace qui sont particulièrement significatifs d'un phénomène inquiétant et que les nouvelles donnes politiques vont bouleverser un peu plus encore et favoriser des comportements qui pourront inciter chez certains l'irrépressible envie de « faire le ménage ».

Le fait des Princes qui gouvernent la culture

Le départ de Boris Bénézit

Ménage tout à la fois financier et politique dans lequel, on s'en doute, la culture n'a pratiquement pas son mot à dire ou très peu.

Prenons pour commencer le cas de Boris Bénézit, victime de la décision de la mairie de la ville d'Eu de le remercier purement et simplement. A ce qu'il semble, le courant passait mal entre le directeur du Théâtre du château et l'adjointe à la Culture. Il faut dire que celle-ci avait eu la tentation de dénoncer, dans un premier temps, la convention « Arts Baroques » à laquelle la maison est liée. Une décision qui provoqua une véritable levée de bouclier dans le milieu et ne pouvait qu'hérisser le poil de Bénézit qui manie avec le même talent la flûte que le hautbois baroques dans les ensembles qu'il dirige. On imagine bien que le duo commençait mal. Il en est résulté que n'ayant pas l'heur de plaire dans les sphères municipales, le directeur a été remercié. Il ne reste plus à l'adjointe qu'à gérer, comme bon lui semble, l'avenir de la maison dont elle a confié la direction à Fabienne Huré qui répond à des critères artistiques indiscutables, mais dont le poste n'en sera pas moins, l'expérience aidant, suspendu à des humeurs qui n'ont rien de culturelles.

Le fait des Princes qui gouvernent la culture

Les pirouettes Elbeuviennes

Le cas de Roger Le Roux est un peu différent puisqu'il s'agit cette fois non pas de la ville mais du monopole … pardon pour ce lapsus, il s'agit bien évidemment de la Métropole ! Directeur depuis 2006 du Théâtre-Cirque d'Elbeuf dont il a fait le Pôle National des Arts du Cirque de Haute-Normandie, il arrivait très logiquement à la veille d'une retraite qui laissait en suspens quelques dossiers internationaux importants dont la réalisation reposait sur des éléments qu'il avait traités personnellement. En bonne logique et pour que les choses engagées aboutissent, il sollicita de son conseil d'administration une « rallonge » d'un an qui lui fut, alors, accordée quasi unanimement. On peut donc imaginer sa surprise quand au cours d'une deuxième réunion, il se vit refuser par ce même conseil ce qui lui avait été accordé précédemment. Une situation véritablement renversante qui prouverait, si on ne s'en doutait déjà, qu'il n'y a pas qu'au cirque que l'on cultive l'art de la pirouette. Une décision ne tenant pas compte du niveau auquel Roger Le Roux a porté la maison, de sa « carrure » dans le métier et de la qualité des projets qu'il avait mis en chantier et qui d'un trait de plume se voient remisés au magasin des accessoires.

L'avis de candidature paru dans la presse nationale a suscité pas mal de surprises mais aussi quelques propositions, On parle d'un vague regroupement avec le Pôle des Arts du Cirque de Basse-Normandie. En attendant, Roger Le Roux tient la barque en main jusqu'à la fin septembre et prépare activement la saison 2015-2016..

Après cela, vogue la galère !

Le conseil d'administration a peut-être en réserve quelque salto arrière à nous concocter.

Le fait des Princes qui gouvernent la culture

A Val de Reuil, le « mort » n'est pas de la partie

A Val de Reuil, la donne est quelque peu différente. L'avis de candidature pour la future direction de la nouvelle salle de « L'Arsenal » est paru dans la presse mais, comme c'est le souvent le cas dans ce genre de démarche, il semble que les cartes aient été déjà distribuées et que Bernoît Geneau qui avait succédé il y a quatre ans à Albert Amsalem et qui s'était tout naturellement positionné pour la succession n'a même pas été invité à participer à la partie. Au bridge, cela s'appelle la place du mort ….

La méthode a été expéditive : on a supprimé purement et simplement la subvention municipale à l'association culturelle de Val de Reuil qui gère le « Chaland » et qui se trouve ainsi dans l'incapacité de fonctionner laissant sur le carreau son directeur et le personnel administratif et technique. Ce sont Dominique Boivin et Jean-Yves Lajennec qui prendront en main les destinées de « L'Arsenal » et c'est, en soi, une bonne chose. Mais le procédé manque pour le moins d'élégance à l'égard de quelqu'un qui a fait son métier sans démériter.

De tout cela, il se dégage un sentiment d'amertume et d'incompréhension devant des comportements qui frisent parfois le mépris et qui relèvent ni plus ni moins de ce fameux « fait du prince » que la Révolution croyait avoir aboli en même temps que le « droit de cuissage ».

Mais, ça, c'est une autre histoire !

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