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Théâtre en Normandie

L'auditorium de la Chapelle Corneille : Le Saint des Saints de la culture normande

20 Septembre 2015 , Rédigé par François Vicaire

L'auditorium de la Chapelle Corneille :  Le Saint des Saints de la culture normande

Tout dernièrement la presse a essuyé les plâtres – pardon les ors - de la chapelle Corneille. Devenu « Auditorium de Normandie », ce somptueux bâtiment va devenir le Saint des Saints de la culture avec une série de programmations confiées à quelques unes des structures parmi les plus représentatives de la Haute-Normandie.

Ce projet qu'avait porté en son temps Alain Le Vern est le fruit d'un extraordinaire travail de réhabilitation mené par la Région de Haute-Normandie. Le chantier arrive pratiquement à son terme puisque l'inauguration est prévue pour le début de février.

Les bonheurs rares ayant parfois tendance à se faire désirer, les travaux considérables qui étaient engagés techniquement et financièrement ont pris leur temps, mais au bout du compte le résultat valait bien que l'on attendît un peu.

Espace consacré à la musique et au chant, l'animation de la chapelle Corneille est confiée au « nec plus ultra » d'invernenants qui depuis longtemps déjà cherchaient à Rouen un lieu à la hauteur des exigences de leurs arts respectifs. Rien d'étonnant donc à ce que « l'affiche » en elle-même soit d'exception. Ainsi aux côtés de l'Opéra de Rouen et du « Poème Harmonique » qui avec « Accentus » forment en quelque sorte l'armature de l'édifice, on y retrouve un certain nombre de « pointures » de la région. Leur réunion devra, à n'en pas douter, donner à la Chapelle une tonalité de qualité que le classicisme du cadre impose presque naturellement.

On retrouve ainsi aux côté de Frédéric Roels, de Vincent Dumestre et de Laurence Equilbey, Jean-Paul Combet et son Académie Bach, Nicolas Simon et ses « Musicales de Normandie », Oswald Sallaberger et sa « Maison illuminée » et Sébastien Laab qui quitte le Hangar 23 pour s'installer dans un cadre plus académique qui était le sien jusque-là sans que pour autant il abandonne les spécificités de sa salle. Mais pour lui c'est faire un retour aux sources. Le Hangar 23 a été le lieu – le haut lieu devrait-on dire – de « Octobre » puis de « Automne en Normandie ». En ces temps prospères au cours desquels rien ne semblait pouvoir lui résister, Laurent Langlois avait fait sortir la chapelle de son assoupissement en y invitant quelques formations prestigieuses avec des chefs qui ne l'étaient pas moins pour des concerts qui créèrent alors des événements dont il faut bien dire que l'on n'a pas retrouvé l'équivalent depuis.

Revivifier le paysage musical

Dans cet esprit d'exception, on peut penser que la résurrection de la chapelle va revivifier le paysage musical de Haute- Normandie avec quelques uns de ces moments de grâce qu'on y a connus. Labb va s'y insérer avec l'impression de revenir en quelque sorte dans ses murs tout bruissants encore des bonheurs qu'ils se partageaient avec ceux plus spartiates du Hangar.

Des exposés qui ont été faits lors de la présentation à la presse, il ressort une abondance de biens dont on ne saurait se plaindre. Toutefois, on ne peut s'empêcher de penser que la Chapelle en étant le point de convergence de toutes les initiatives et de tous les désirs, va devenir – et on nous pardonnera cette trivialité - une sorte de somptueuse gare de triage où des trains de luxe s'emploieront dans la somme d'itinéraires impressionnants qu'ils vont tracer, à trouver les voies de l'unité .

Pour le président Mayer-Rossignol, l'essentiel dans cette aventure est de laisser aux intervenants culturels leurs propres marges de manœuvre. C'est une attention louable qui va permettre à chacun de présenter le meilleur de ce qu'il propose. Mais à la longue, il faudra bien déterminer qu'elle sera la frontière qui pourra s'établir. Ce n'est qu'un exemple, mais on voit bien qu'avec son « Mercredi de la chapelle », l'Opéra de Normandie tape un peu dans tous les genres en allant des « Ténèbres » de Lalande aux derviches tourneurs de Syrie, marchant tout à la fois sur les brisées du Hangar et du « Poème Harmonique » dont les programmations sont si parfaitement en accordance avec son intégrité d'inspiration.

Immanquablement et même si les calendriers se veulent complémentaires, ils ne pourront éviter parfois les télescopages.

Jean-Paul Combet, quant à lui, a fixé ses rendez-vous avec Bach les dimanches en matinée avec des portes qui s'ouvriront en grand à toutes les ressources qu'offre l'immense répertoire du cantor de Leipzig, y compris la gastronomie.

Quant à Oswald Sallaberger avec lequel, on doit l'avouer, nous n'étions pas toujours en phase avec ses conception de chef d'orchestre, il se révèle un « chambriste » éclairé qui fait la part belle à des compositeurs normands comme Marcel Dupré qui trouve une place enviable aux côtés d'Honneger, Roussel, Satie et même Marcel Duchamp.

Une partition à plusieurs voix

Cette première saison sera l'occasion de mettre en évidence les grandes ressources de cette partition à plusieurs voix. Toutefois, la Chapelle va devoir initier une véritable philosophie et lui donner une cohérence évitant les pièges de l'interférences.

En quelque sorte trouver celui ou celle qui saura juguler les tentations d'hégémonie, instaurer une politique d'ensemble des programmations, budgétiser l'aventure pour la pérenniser vraiment… bref, installer ni plus ni moins un vrai directeur de salle qui prenne en main l'avenir d'une entreprise, trop belle et trop riche pour la laisser se dépasser par une cacophonie d'intention.

Pour l'instant, la Région, et c'est son président qui l'assure, prend en charge l'intendance et la gestion de la Chapelle, du moins - ajoute-t-il - dans un premier temps .

A l'heure où les élections régionales approchent, il semble urgent de trouver celui ou celle, qu'il soit chef d'orchestre ou, si on a le goût des métaphores hasardeuses, chef de gare, qui mettra sur les rails d'une manière définitive ce convoi de luxe qui avant même d'être mis en marche véhicule le train des plaisirs à venir.

Notre photo : Les nouveaux piliers de la chapelle en compagnie du président Mayer-Rossignol, Frédéric Roels et Vincent Dumestre (photo Jean Pouget)

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