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Théâtre en Normandie

Sophie Caritté et Alain Bézu au Musée Flaubert : l'art de bien se connaître sans se rencontrer jamais

12 Novembre 2016 , Rédigé par François Vicaire

Gustave Flaubert est né un 12 décembre.

Chaque année les « Amis du Musée Flaubert et d'Histoire de la Médecine » s'emploient à coller au plus près de cette date pour lui souhaiter un bon anniversaire.

Cette année ce sera le samedi 10 décembre à 14 heures 30 au Musée à travers une promenade dans la correspondance qu'entretint le romancier avec une de ses plus ferventes admiratrices et la moins connue, Marie-Sophie Leroyer de Chantepie.

Sophie Caritté qui participe à pratiquement toutes les évocations qui sont faites autour de l'univers flaubertien y retrouvera Alain Bézu avec lequel elle déroulera le fil d'un échange épistolaire étonnant.
Ce n'est pas peu dire que Flaubert a toujours eu des problèmes avec les femmes.

A l'exception de sa sœur et de sa nièce qui sont les images idéalisées d'une vision sentimentale inatteignable, les visages féminins traverseront son existence comme des comètes et ne laisseront dans son souvenir qu'un scintillement fugace

De la belle Elisa Schlesinger dont il surprendra le sein nu sur une plage de Trouville quand elle nourrissait sa petite fille et qui lui causa un choc dont il eut du mal à se remettre – si jamais il s'en remit – à Madame Sabatier, la « présidente », dont il partagea, parfois, les faveurs avec Maxime du Camp en passant par quelques anicroches sexuelles tarifées, il n'y a, en définitive, que Louise Collet qui trouva grâce à ses yeux sans que pour autant il ait pensé un instant atteler son char à celui de cette poétesse de haut vol à qui il fermera la porte de Croisset sans le moindre ménagement.

Une seule image de femme émerge au milieu de cette galerie des bonheurs insatisfaits. C'est celle de Marie-Sophie Leroyer de Chantepie.

Un personnage étonnant.

Perdue dans le fin fond de sa province angevine, Mademoiselle Leroyer de Chantepie inondait d'articles les feuilles locales pour compenser son mal d'écrire, ses frustrations et sa solitude affective et intellectuelle. Pourtant, celle qu'on aurait pu, à tort, considérer comme un « bas-bleu » portait en elle une exaltation romanesque qui la fit presque s'identifier à « Madame Bovary » qu'elle va dévorer avec une passion fiévreuse.

Avec le toupet de l'innocence, elle écrira à Flaubert pour lui dire son admiration éperdue.

L'étonnant voudra que ce déjà vieil atrabilaire (il a 35 ans!) qui se méfie des femmes va répondre à cette admiratrice qu'il ne connaît pas et avec laquelle, il va entretenir une correspondance qui durera jusqu'à la fin de sa vie.

Entre ces deux êtres qui n'avaient rien de commun si ce n'est le même amour de la littérature et la même exigence d'absolu va s'établir un échange qui au fil des lettres prendra de la densité, teinté de respect et d'admiration réciproque et marqué de sentiments à la fois amicaux et intimes.

En prenant toujours à témoin Emma qui est leur référence absolue, ils s'abandonneront sans réserve, l'une dans une sorte d'introspection qui trahit ses attentes et ses déceptions, l'autre dans des confidences qui trahissent ses angoisses devant l'écriture, ses déceptions devant l'incompréhension du monde et, en définitive, sa propre difficulté d'être.

Il lui fera partager cette exaltation d'écrire, il lui donnera des conseils, la malmènera parfois et fera preuve à son égard d'une patience et d'une gentillesse qui confèrent au personnage un tonalité humaine assez surprenante.

Dans l'histoire de la littérature, Marie-Sophie Leroyer de Chantepie ne tient pas une place primordiale. Pourtant sa correspondance avec Flaubert, regroupée dans « La Pléiade », est précieuse parce qu'innocente et sincère. Elle regarde son « grand homme » avec une admiration absolue et lucide. Quant à lui certainement séduit par tant d'ingénuité enthousiaste et par les qualités d'une âme dont il mesurait la « hauteur », il se laissera prendre à un jeu qui les fera se connaître beaucoup

et, ce qui est extraordinaire, sans se voir jamais.

 

Notre photo : Sophie Caritté dans le spectacle-promenade : « Gustave est dans sa chambre » présenté au Musée Flaubert

 

«  Mademoiselle et cher confrère » - le samedi 10 décembre à 14h30 au musée Flaubert et de la médecine

Uniquement sur réservation (obligatoire !) : amismuseeflaubert@gmail.com  ou  06 32 39 15 45

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