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Théâtre en Normandie

Prévert chez « Petit à Petit » : juxtaposer le trait et la rime

24 Mars 2017 , Rédigé par François Vicaire

Corneille, Rostand, bientôt Racine et Jarry…. Olivier Petit aime les auteurs et s'emploie à les faire découvrir sous une facette qui rompt avec l'académisme qui en général les accompagne pour donner aux lecteurs – surtout aux plus jeunes – l'occasion de les aborder d'une manière plus ludique.

La bande dessinée à cet avantage de dire et de montrer vite sans pour autant trahir l'essence même des textes. Chez « Petit à Petit » c'est un principe qu'on a érigé depuis longtemps comme une vertu pédagogique.

C'est un exercice d'autant plus périlleux que la manière de montrer les choses de doit rien entamer du respect que l'on doit porter à des personnages dont les noms sont inscrits dans le marbre d'une notoriété immémoriale.

Bref, pour résumer, on ne fait pas n'importe quoi avec les vers de Corneille ou de Racine

Il s'agit, en effet, de donner aux images une cohérence parfaite entre ce qu'on est appelé à lire et ce qu'une nouvelle esthétique donne à voir et d'une certaine manière à entendre. Mais c'est là où le travail réalisé en équipe chez « Petit à Petit » est épatant. Il ne manque rien dans la musique des mots et des phrases. Le découpage fort adroit maintient le rythme que réclame celui de la versification.

Ainsi Rodrigue devient un super héros de BD sans rien perdre de sa superbe tragique, Cyrano passe d'une image à une autre sans sauter une seule strophe en évitant d'oublier un enjambement qui mettrait le souffle d'une tirade en péril.

Le dernier en date de ce travail d'adaptation intelligente est consacré à Prévert. Il n'était pas évident de puiser dans une production aussi dense pour arriver à cerner le parcours d'un poète aux cordes multiples et de naviguer dans des univers aussi différents que la guerre des tranchées en 14 ou la chanson d'un escargot qui va à un enterrement.

Cette fois, l'unité se fait …. à l'unité. En effet, Olivier Petit – qui s'est investi dans le scénario de certains textes entre autres avec Daniel Pecqueur et de Mathieu Gabella - a confié l'illustration et le découpage de chacun d'eux à des artistes différents.

C'est à chaque fois un nouveau regard, une nouvelle approche, une sensibilité plus ouverte en même temps qu'un intéressant travail sur la fonction même de la BD avec, par moment, l'occurrence d'un double regard.

Ces dix poèmes sont autant d'étapes dans la vie de Prévert. Les textes choisis ponctuent des émotions et des bonheurs fragiles.

Chacun des illustrateurs (Gwendal Blondelle, Sophie Chaumard, Clod, Olivier Desvaux et Raphaël Gauthey) à construit un monde à l'image ce qui revenait au texte.

Une manière de juxtaposer le trait et la rime. Un exercice à la Prévert !

Dessin de couverture :Christelle Espié

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