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Théâtre en Normandie

« Feu la b(r)aise » le cabaret des amours qui passent

27 Mai 2017 , Rédigé par François Vicaire

L'amour peut-il résister à la durée?

Question fondamentale qui taraude les couples qui se connaissant depuis trop longtemps et qui n'ont plus grand chose à se dire si ce n'est distiller des vacheries qui trahissent les désillusions du temps et des amours qui passent.

Nathalie Grandet et Thomas Rollin ont tissé autour de ce thème éternel un spectacle musical qui décortique les situations et détricote le peu de souvenirs heureux que partagent encore deux êtres qui s'épuisent à courir après les illusions d'un bonheur perdu.

Pour ce cabaret doux-amer, ils ont fait appel à une série d'auteurs, de Gainsourg à Brigitte Fontaine en passant par Higelin, Boris Vian et d' autres, qui avaient tous quelque chose à régler avec leurs propres difficultés existencielles et c'est une excellente idée.

C'est drôle, bien venu et mené avec un sens de l'opportunité musicale et dramatique qui fait mouche.

Cela dit, Grandet et Rollin sont des êtres qui portent en eux trop de gentillesse naturelle, trop d'amour pour des personnages dont ils assument avec bonheur les pérégrinations sentimentalo-professionnelles à travers leurs variations pomologiques et leur « cabaret boucher » pour se montrer vraiment cruels avec eux.

D'ou une forme de tendresse à leur égard dont ils ne savent pas se départir et qui enlève une bonne part de férocité à un propos qui en définitive reste en-deça des règlements de compte attendus.
Mais après tout c'est un point de vue dans lequel l'optimisme prend le pas sur l'acrimonie, l'indulgence sur la dénonciation sans complaisance et le sourire sur la grimace.

Cette manière de jouer avec le clin d'oeil, de montrer qu'en amour – comme en désamour – les choses ne sont pas à prendre au sérieux plus qu'il ne faut, est un des charmes d'une promenade qui nous entraîne sur cet itinéraire des cœurs contrariés.

L'ensemble toutefois ne perdrait rien à se resserrer quelque peu et, peut-être, à se diriger vers une formule plus délibérément « cabaret » qui correspondrait mieux à son esprit « chansonnier » et à un déroulement construit comme une succession de sketchs.

Mais Nathalie Grandet qui susurre ses couplets avec un charme aux rondeurs vocales séduisantes et Thomas Rollin qui joue avec tous les avantages d'une nature à la fois enthousiaste et retenue mènent le jeu avec un bonheur qu'ils savent faire partager. Ils le font d'autant mieux qu'ils trouvent en Olivier Hue un support musical de grande qualité et une adroite scénographie de Stéphane Pillet.

Grâce à eux, les braises de la passion ne s'éteignent jamais tout à fait.... il suffit que le souffle chaleureux du public l'attise pour les faire repartir de plus belle.

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