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Théâtre en Normandie

Pierre-François Roussillon à l'ORN : la proximité et l'extraterritorialité

13 Octobre 2019 , Rédigé par François Vicaire

C'est ce qui s'appelle faire des navettes productives.

D'Octeville-Cherbourg où il dirigeait la « Butte » et avait concouru à la naissance du « Trident », Pierre-François Roussillon éprouva, un jour, le désir de changer d'horizon. C'était en 1999. Sept ans plus tard, il se retrouvait à la tête de la Maison de la Culture de Bourges où il resta jusqu'à ce que l'année dernière, il revienne à Caen pour prendre en main la direction générale de l'Orchestre Régional de Normandie.

C'est en quelque sorte un retour aux sources qui lui fait retrouver des terres qu'il connaît bien et qui lui offre, en succédant à Guillaume Lamas, l'opportunité de se plonger dans une nouvelle aventure dont le fer de lance est la « Plateforme Normandie lyrique et symphonique » qui est le symbole de la volonté culturelle de cette grande Normandie dont elle devient un axe essentiel.

Fils du comédien Jean-Paul Roussillon qui fut un des fleurons de la Comédie-Française, frère de comédien, il aurait très bien pu se diriger sur une voie où il était naturel de l'attendre. Sauf que si dans la famille Roussillon on était passionné de théâtre on était aussi amoureux de musique. Et c'est vers quoi Pierre-François Roussillon s'engagea en menant une carrière d'instrumentiste et surtout de chambriste qui lui fera créer « L'Ensemble Concordia » et dans la foulée « Le trio à vent de Paris » au sein desquels se sont retrouvés des éléments de l'Orchestre de Paris, du « National » et de l'Ensemble intercontemporain.

Avec eux, il fera les beaux soirs des grandes scènes de l'Hexagone mais aussi les festivals aussi bien en Turquie qu'en Espagne en passant par le Royaume-Uni, l'Italie ou l'Allemagne.

Bref, un beau parcours au bout duquel Pierre-François Roussillon éprouva pourtant le besoin de poser ses valises. Ce sera la Basse-Normandie et l'aventure cherbourgeoise.

Et puis le vent (et les vents) le poussant vers d'autres aventure, il se retrouva donc à Bourges à la tête de la Maison de la Culture. Lieu emblématique s'il en est. Première Maison de la Culture de l'ère Malraux, c'est là qu'est né ce fameux « Printemps » dont a émergé la fine fleur de la chanson française. Mais, comme il le dit lui-même, « il fallait remettre la maison sur les rails ». Redéfinir en quelque sorte les axes forts d'une politique pluridisciplinaire qui est la raison d'être d'une Maison de la Culture. Offrir au public des perspectives musicales, chorégraphiques, théâtrales, dramatiques et y faire entrer l'opéra par la grande porte. Pierre-François Roussillon s'y emploiera en pratiquant une politique innovante qui se signalera, entre autres, par la création d'un ouvrage de Philip Glass et un « Cosi » qui fera date dans les annales berrichones en même temps que se mettront en place des actions faites de recherches permanentes, d'échanges et de complémentarités avec d'autres structures.

Une politique qui, en fait, rejoint les objectifs – déjà bien affirmés – de l'Orchestre Régional de Normandie dont il a pris maintenant les commandes.

Car les choses étant bien calées à Bourges, se posa pour lui , tout simplement, la question de son devenir « qu'est-ce que je vais faire maintenant ? ». Une annonce parue dans « Télérama » lui apporta la réponse : ce serait Caen. Arrivé, il y a tout juste un an, il commence à prendre la mesure des lieux et de l'esprit qui l'habitent tout en construisant sa première saison. La diversité, la souplesse d'une formation musicale restreinte en nombre– mais non pas réduite en qualité – un chef, Jean Deroyer tout à fait remarquable, une nécessité d'aller au-devant de tous les publics, depuis les plus (voire les très) jeunes aux plus anciens et jusqu'à ceux qui dans les EPAD ou dans les milieux pénitentiaires sont un peu en retrait du monde et des beautés qu'ils peuvent encore leur apporter... tout cela représente un panel d'intentions et d'explorations auquel l'ORN se consacre déjà et auquel François-Pierre Roussillon va s'employer à intensifier en jouant les cartes de la proximité et de l'extraterritorialité telle que la « Plateforme » en donne maintenant des possibilités accrues.

Vendredi et samedi derniers, symbole de cette complémentarité, le concert « Berlioz » donné à l'Opéra de Rouen réunissait les musiciens des deux formations.

Sous la direction précise et enfiévrée de Jamie Phillips et portés par la beauté du timbre et la musicalité parfaite de Julie Boulianne, ces deux beaux moments ont permis aux musiciens de recevoir, par pupitres, des ovations qui augurent bien de l'avenir de cette rencontre au sommet de la Normandie musicale sur laquelle Pierre-François va pouvoir conforter les nouvelles fonctions qu'il assume déjà avec bonheur.

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