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Théâtre en Normandie

Au Grenier de la Mothe : un spectacle à croquer !

6 Juillet 2013

Au Grenier de la Mothe :  un spectacle à croquer !

Offenbach n'a pas fait que des chefs-d'œuvre... il s'est commis aussi dans quelques pochades sympathiques qui ne vont pas plus loin, il faut l'avouer, que l'anecdote.

A côté des « Belle Hélène » , « Gérolstein » et autre « Vie Parisienne » sans parler des « Contes » qui sont à eux seuls une exception, sa production s'est souvent dispersée sinon dans la gaudriole du moins dans ce qui pourrait facilement s'apparenter au divertissement de potache.

« Pomme d'Api » est de cette veine. Elle forme avec les Croquenfer, Mousse-à-mort ou Fleur-de-souffre une galerie extravagante de personnages qui se démènent allègrement dans des livrets qui sont de vrais chausse-trappes à rebondissements et dont la drôlerie simplissime dut mettre en joie le public des Bouffes-Parisiens. Celui de notre époque, en suivant les péripéties de ces petits actes qui connurent longtemps le purgatoire (qui fut aussi celui de son auteur) redécouvre avec bonheur un humour qui révèle (sans les relever) les goûts de son temps.

Mais aussi mince qu'il soit, on oublie aisément l'argument tant la verve mélodique d'Offenbach, tour à tour, drôle, inventive et charmante, paraît de grâces surprenantes une histoire qu'on pourrait oublier vite si ses airs ne continuaient de trotter obstinément dans la tête.

Car, que serait « Pomme d'Api » s'il n'y avait son délicieux rondeau qui se prendrait presque pour le catalogue de Léporello ou quelques ensembles bien venus même s'ils sont complètement loufoques comme l'ahurissant trio du « gril ».

En fin de compte comme souvent dans l'opérette, les livrets ne sont là que pour servir de prétexte aux partitions. Il suffit seulement quand on décide de monter ce genre d'ouvrages de faire conjuguer adroitement les complaisances des premiers avec les exigence des secondes pour éviter que la construction ne soit bancale.

C'est un exercice qui n'est pas simple et Mathilde Guyant en s'attaquant à ce charmant problème pour « Le Grenier de la Mothe » l'a pris à bras le corps en le rajeunissant définitivement et en transportant les fanfreluches étouffantes d'un salon bourgeois dans le cadre aéré d'un terrain de camping.

Ce souriant exercice permet tout et autorise toutes les transpositions sans se préoccuper d'une quelconque trahison d'intention. Un avantage que Mathilde Guyant s'est heureusement octroyé et qu'elle manie avec une autorité souriante.

Avec une distribution qui fait preuve d'une fantaisie cavalcadante et d'une joyeuse conviction, la mise en scène laisse l'action aller allègrement son train en la pimentant de temps à autre de clins d'œil à notre époque... un principe que du temps d'Offenbach on utilisait déjà pour la plus grande satisfaction des salles.

Accompagné au piano par Edouard Batola, Hervé Hennequin et Jean-Louis Dupont

mettent autant de conviction dans leur chant que dans leur jeu et Catherine Canu leur donne la réplique dans une savoureuse composition.

Quant à Lys Lefèvre dont le personnage pourrait être vocalement la cousine de la Fiorella des « Brigands », elle montre une grâce piquante et un fort joli timbre de voix.

Tout cela fait de « Pomme d'Api » un moment charmant de détente et un spectacle véritablement … à croquer !

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