Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Théâtre en Normandie

La denière saison d'Elizabeth Maccoco : de multiples impressions et des influences diverses

9 Septembre 2013 , Rédigé par Vicaire François

La denière saison d'Elizabeth Maccoco :  de multiples impressions et des influences diverses

Accompagnée de sa garde rapprochée, en l'occurrence son administratrice Nancy Tarrius et Catherine Dewitt plus spécialement chargée de la formation, Elizabeth Maccoco a présenté la saison 2013-2014 de la maison qu'elle quittera officiellement le 31 décembre prochain.

Elle ne s'en éloignera pas tout à fait car elle s'est taillé la part du lion dans sa programmation aussi bien dans la conception que l'écriture de certains spectacles comme le « Opening night (s) de John Cromwell dans laquelle elle s'est également distribuée, la mise en scène de «L'Histoire du soldat » de Ramuz ou « La course aux chansons » de Marie Nimier sans oublier des interventions en « off » pour « La mesure de nos jours » de Charlotte Delbo.

Bref, une manière d'imprimer jusqu'au bout – et on peut le comprendre – la trace qu'elle entend laisser dans la maison qu'elle quitte et dont elle pensait – et ce n'est un secret pour personne – assurer le prolongement avec la direction du Centre Dramatique National qui a été confiée, en fin de compte, à David Bobée.

C'est la dure loi du spectacle que de demander au directeur en passe de prendre la main de céder à celui qui prend sa place la gestion de ce qu'il avait choisi pour la saison à venir et même au-delà.

Une situation qui est monnaie courante dans le métier et qui demande de la part de celui, ou celle, qui s'en va une part d'abnégation nostalgique et chez l'autre une grande habileté pour ne pas donner l'impression d'endosser des choix qui n'étaient pas les siens.

Mais c'est ainsi. Les jeux sont faits. A partir du 1er janvier, Bobée va s'employer à tracer le nouveau plan qu'il avait déjà présenté au jury qui l'a choisi sans toucher, dans un premier temps à ceux qui à « La Foudre » comme aux « Deux-Rives" avaient été mis en place par ses prédécesseurs.

Pour en revenir à la saison des « Deux-Rives », il y a comme un manifeste chez Elizabeth Maccoco d'affirmer ( et réaffirmer) les ambitions qu'elle avait pour la maison et les motivations esthétiques qui l'animaient : la création contemporaine, la recherche de textes, l'ouverture vers d'autres disciplines (cette année la danse entre, si l'on peut dire, dans le jeu avec Pleljocaj, Mathilde Monnier et Jean-François Duroure), ce qu'on pourrait appeler les « grands textes » comme les deux Delteil ("Jeanne d'Arc » et "François d'Assise »), une lecture par Daniel Pennac de son livre « Le journal d'un corps, le « Liliom » de Molnar ou la « Lucrèce Borgia » de Victor Hugo avec, en prime, une affirmation assumée tout au long de la saison de la part active de l'élément féminin comme dans le "Charlotte Delbo" dans lequel on retrouvera cinq belles natures de comédiennes rouennaises ou tout du moins normandes.

Côté régional, justement, Elizabeth Maccoco offre aux étudiants des différentes promotions du groupe d'insertion professionnel la possibilité de se produire dans deux petits « Labiche », dans « La course aux chansons » et dans des animations hors-théâtre du côté des établissements scolaires. On verra également le Marivaux (« Le jeu de l'amour et du hasard ») de Catherine Delattres qui a tourné avec bonheur tout l'été. On retrouvera Claude-Alice Peyrottes, transfuge du » Passage » et la très prometteuse Pauline Bureau que l'on avait vue justement à Fécamp au cours d'une résidence qui la révéla et qui depuis enchaîne des productions intransigeantes et intelligentes.

Quant à Sophie Lecarpentier, elle revient avec « Kvetch » de Steven Berkoff tout comme Catherine Anne et Joêl Pommerat qui sont rouennais d'adoption tant ils s'y sentent bien et qu'on les y sent bien e tc...

Et pour le jeune public – et pas seulement - il y aura « Seigneur Riquet et Maître Haydn » avec les superbes marionnettes d'Emilie Valentin et le non moins superbe Quatuor Debussy que l'on avait vu dans le « superbe » - excusez du peu - « Boxe » qui après Le Havre était venu faire un tabac à l'Opéra de Rouen.

Tout cela représente une saison très dense, intéressante, diversifiée et d'un éclectisme qui permet par exemple à Thomas Bernhard, à Zigmunt Bauman, au père Hugo, à Labiche et à Marivaux de se côtoyer sans se contrarier jamais.

La dernière saison d'Elizabeth Maccoco établit un subtil dosage de multiples impressions et d'influences diverses. Elle est, nous semble-t-il, la plus aboutie et la plus logique comme si elle voulait apporter la preuve que rien, du moins pour elle et on lui souhaite, n'était jamais terminé et au théâtre encore moins qu'ailleurs.

Et quand on lui pose la question sur son avenir, elle reste évasive mais, dit-elle en souriant, « Rassurez-vous, je ne vais pas me volatiliser ».

On s'en serait douté !

- Photo : Maryse Bunel – Relikto.com

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article