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Théâtre en Normandie

« L'Eveilleur d'Aurore » : Pour Rostand … et pour Marie Ragu

27 Août 2013 , Rédigé par Vicaire François

« L'Eveilleur d'Aurore » :  Pour Rostand … et pour Marie Ragu

C'est une curieuse invétérée. Il n'y a rien qui du théâtre, de la voix, de l'univers du clown ou même du boniment, dans ce qu'il a de plus vertigineux et fascinant, qui lui échappe. Personnage atypique, comédienne qui n'en finit pas d'arpenter les chemins les plus escarpés pourvu qu'ils soient jalonnés de beaux textes, c'est Marie Ragu..

Elle n'est pas du genre à se laisser enfermer dans un style ou dans une mode.Son intelligence, son instinct de l'aventure, son indépendance la placent toujours quelque part où on ne l'attend pas mais toujours là où il y a de la qualité et de l'exigence.Déjà dans « la Dentellière », elle avait inauguré un dialogue inventif avec l'art dans ce qu'il a de plus subtil au niveau des correspondances invisibles qui relient les sons et les couleurs. Dans « Sur la balançoire ou l'éloge de l'instantané », elle réunissait dans une même réflexion autour de l'art autour de Renoir et de Zola. Cette fois dans « L'Eveilleur d'aurore » c'est à « Chantecler » et à Edmond Rpostand qu'elle fait appel.Choix à priori étrange si l'on considère que cette pièce qui date un peu, n'est pas la meilleure et la plus jouée du père de « Cyrano » et de « L'Aiglon .Par contre elle porte en elle toute une panoplie de sentiments et une force expressive qui l'a inspiré. Marie Ragu n'a pas voulu s'en tenir, si l'on peut dire à l'instantané pour construire autour de ce personnage, qui se pousse sur ses ergots pour être plus près du soleil, un dialogue imaginaire à partir de ce monologue magistral qui est un magnifique et formel hymne à la nature.De là, est né «L'Eveilleur d'aurore » - un titre qui a lui seul est déjà un poème - dans lequel le roi de la basse-cour, à l'heure « où l'aube hésite au bord du ciel obscur », fait sa cour à une poule faisane qui, submergée par son discours, hésite entre la peur et le doute, ce doute qui est pour Marie Ragu celui de l'artiste :« Le personnage de Chantecle m'a inspirée par l'énergie, la force et la passion qu'il met en œuvre au service de sa croyance chaque matin... grâce à son chant, il arrache le soleil aux ténèbres. Sa générosité à faire partager sa tâche puis son émerveillement face à la beauté de chaque chose, que ce soit une fleur ou un bruit, est vibrante et hypersensible ».L'histoire contée dans ce spectacle est adaptée de celui de Rostand afin que le dialogue puisse exister en tant que monologue. Avec quelques adaptations et de subtils ajouts personnels, le spectacle en lui-même tient au propre et au figuré dans une valise. Les mots, les intentions, les sentiments étant le décor naturel à cette quête vers le beau et vers l'impossible au lieu de se réduire, se démultiplient et ouvre des horizons qu'avec un battement d'aile et un vibrant cocorico, Chantecler fait surgir par la seule force de son chant.Grâce à l'espace créé par une petite scène et la petite échelle d'un paysage qui se construit devant ses yeux, le public finit par renter dans cet univers et se surprend à s'émerveiller de l'apparition du soleil tandis que Chantecler se débarrasse de ses plumes, remet son costume dans sa valise et, comme tout bon bateleur qui a rempli son office, laisse les spectateurs avec les rêves qu'il a fait surgir devant eux.Dans une scénographie de Hélène Chancerel et une mise en scène de Liu Ragu, « L'éveilleur d'aurore » est un beau et grand moment de poésie et en même temps la réhabilitation d'un texte qu'on a le tort d'avoir quelque peu oublié et qui porté par Marie Ragu retrouve une véritable dimension lyrique.

« L'Eveilleur d'aurore » tourne actuellement dans l'Hexagone avec un bonheur qui ne semble pas vouloir s'arrêter. « Animations Bray Culture l'a invité à Forges-les-Eaux, à « L'Espace » le mercredi 18 septembre à 20h30. (Réservations au 06 15 95 55 14)

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