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Théâtre en Normandie

Avignon quand tu nous tiens ...

14 Juillet 2013

Avignon quand tu nous tiens ...

Comme tous les ans, Avignon revient avec son lot de plaisirs caniculaires, surprenants, drôles, pathétiques... bref, avec tout ce que le spectacle peut apporter quand on lui laisse le champ libre. Même si le « off » s'est singulièrement assagi par rapport à la grande foire de l'innovation qu'il fut, il reste néanmoins l'endroit qui permet de tout voir et de presque tout dire. Il est surtout pour les compagnies le moyen de se faire connaître et de bénéficier de l'immense bain de foule qu'il représente et qui leur permet de convaincre le public d'abord, mais aussi – quand ils prennent le peine de se déplacer – les éventuels acheteurs.

L'entreprise a toujours été risquée pour ceux qui bien souvent vident leur escarcelle pour arriver à émerger de ce tohu-bohu culturel. Il y a ceux qui ont la chance, comme le Caliband Théâtre, d'être aidé par l'ODIA et ceux qui se débrouillent avec les moyens du bord. C'est le cas de Julie Allainmat qui a fait des « appels au peuple » pour arriver à réunir les moyens financiers lui permettant de descendre et de se maintenir. Ses efforts n'ont pas été vains puisqu'on la retrouve au « Théâtre du Verbe fou » jusqu'à la fin du mois. D'autres ne feront que passer pour une soirée comme « Akté » avec son spectacle sur les addictions, à la Manufacture

Même si elle y est moins présente, la Normandie s'est toujours montrée fidèle au Festival.. Il y eut les inconditionnels du genre « Mélodie Théâtre » qui pendant des années fut un abonné des bords du Rhones et fit l'événement avec son « Concert d'eau » et « La noce chez les petits bourgeois » qui pulvérisèrent les recettes et les attentions. Patrick Verschueren y vint souvent défendre la culture balkanique et fit découvrir Danilo Kis aux platanes de la place de l'horloge envahie, depuis, par des marchands du temple au point de réduire les parades qui firent le charme d'Avignon. Dans la distribution de « Un tombeau de David Davinovitch », il y avait Christophe Grégoire qui reviendra quelques années plus tard dans la cour du palais des Papes pour le « Platonov » de Tchekov où il retrouvera Eric Lacascade et, le monde est petit, David Bobée.

Quant à « La Pie Rouge » qui fut, elle aussi, une habituée des lieux, elle revient pour une représentation de son film « La jeune fille à la Pie Rouge » au mythique « Utopia ».

Depuis, les budgets se sont singulièrement resserrés mais paradoxalement les propositions affluent même si la Normandie – la grande ! - s'y montre semble-t-il moins présente. Les remparts avignonais n'en étouffent pas moins sous la pression des jeunes générations qui de l'esplanade du Palais à la rue des Teinturiers continuent d'y venir tenter leur chance.

Il est de bon ton – et de bonne nostalgie – de dire qu'Avignon et en particulier le « off », «n'est plus ce qu'il était » car les années passent et les styles évoluent. Mais il est toujours là, unique et multiple à la fois, parfois irritant et toujours exaltant, inutile diront certains et pourtant indispensable à tous ceux qui sont convaincus qu'il reste, envers et contre tout, une extraordinaire vitrine du spectacle vivant.

Notre photo : tout un symbole. C'était en 1995 l'affiche de « La noce chez les petits bourgeois » avec laquelle Mélodie Théâtre fit un véritable tabac.

Avignon quand tu nous tiens ...

« AKTE » : les addictions à la Manufacture

En mars 2013, « AKTE » avait présenté au « Passage » de Fécamp un spectacle tiré de « Toxique », un petit livre dans lequel Françoise Sagan racontait dans le détail, et avec cet humour distancié dont elle avait le secret, les affres de la cure de désintoxication qu'elle avait subie et dont Anne-Sophie Pauchet avait fait l'adaptation. Elle était également l'interprète avec Valérie Diome de ce texte déroulant les complexités du problème auquel la romancière était confrontée. Dans cet échange à deux voix, les chansons et les musiques de Juliette Richards apportaient à l'ensemble un éclairage poétique qui permettait à l'âpreté des situations de se teinter de ce qu'on pourrait appeler une « certaine tendresse ».

Anne-Sophie Pauchet a voulu donner des prolongements à ce spectacle en choisissant des auteurs et des musiciens réunis dans la même angoise de l'addiction, de quelque manière qu'elle se présente. On retrouve ainsi à côté de Sagan des personnages comme Gainsbourg, Little Bob, Miossec, Keith Richards et quelques autres qui tous ont été dévastés par les exigences de l'addiction.

Toujours en complicité avec Valérie Diome et Julienne Richards, elle se livre à une incursion dans ce monde dont les habitudes concentrationnaires détruisent à petit feu le corps et l'esprit.
Cette succession de moments forts s'organise comme une mise en espace de la lecture à travers des lettres, des chansons, des extraits de biographie tout au long desquels des artistes affrontent leur dépendance et s'interrogent sur eux-mêmes.

Photo: Jade Bailleul

- « Addictions... parole d'artistes » était le Vendredi 12 juillet « La Manufacture » rue des écoles . L'équipe n'a pas eu le temps de s'attarder en Avignon et a rejoint le Havre où « Toxique » sera à l'affiche des « Z'Estivales » les 27 et 28 juillet.

A l'Utopia : « La jeune fille à la Pie Rouge

C'est une belle histoire qui s'est construite, il y a quelques années déjà entre une petite fille prénommée Rachel et Guy Faucon et Sylvie Habault.... une histoire pas tout à fait comme les autres puisque Rachel, comme le dit Guy Faucon, est née avec un « petit chromosome en plus ».... une différence qu'elle a su avec le temps et grâce au théâtre maîtriser au point d'être aujourd'hui une comédienne à part entière dont on a pu mesurer les progrès au rythme des spectacles dans lesquels « La Pie Rouge » l'a presque systématiquement distribuée. Aujourd'hui comédienne, Rachel Paux joue dans un film qui lui est consacré. On l'avait vu à Rouen et Avignon va le découvrir au cinéma « Utopia » le 24 juillet à 16 heures.

« La jeune fille à la Pie rouge » est un conte qui s'appuie sur la réalité humaine de ses protagonistes et qui démontre, si l'en était encore besoin, que le théâtre était une thérapie salutaire. Depuis le temps qu'ils la cultivent, ces grands enfants que sont Guy et Sylvie Habault en savent quelque chose et l'expérience assaisonnée d'amour qu'ils ont menée avec Rachel prouve qu' ils avaient raison.

L'histoire raconte cette belle aventure artistique et humaine pour laquelle « La Pie Rouge» a mobilisé tous ses amis, de Michaël Lonsdale à Denis Lavant en passant par les comédiens qui font partie du quotidien de la compagnie.

Au milieu de ce beau monde réuni tout exprès pour elle, Rachel s'agite comme un poisson dans l'eau. Elle chante, elle rit, elle pleure et se livre sans réserve à un jeu dont elle est l'héroïne dans la vie comme sur scène . La réussite est double : celle d'une expérience unique qui s'est construite depuis l'âge de 5 ans où Rachel fit la connaissance de « La Pie » (elle en a aujourd'hui 20) et celle du coeur qui permet de mesurer l'évolution intime d'un personnage qui a su sauter à pieds joints par-dessus son handicap pour atteindre, dans le plaisir du théâtre, un bonheur qu'elle s'emploie avec une incroyable spontanéité à faire partager.

- Cinéma « Utopia « - Mercredi 24 juillet à 16 heures

Avignon quand tu nous tiens ...

« Toi l'imbécile, sors ! » au Théâtre du Verbe fou

C'est une injonction qui ne s'adresse évidemment pas aux spectateurs qui viendront voir le spectacle des « Pas perdus » qui s'est installée au « Théâtre du Verbe fou ».

Il s'agit d'une évocation de Griselidis Réal, un personnage étonnant tout à la fois romancière, féministe et prostituée dont l'autobiographie donne à Julie Allainmat l'occasion de s'attaquer à forte partie. Griselidis Real n'est pas du genre à se laisser faire. Dans ce rôle qu'elle porte de bout en bout, Julie Allainmat se lance dans une aventure sans concession en traçant le parcours hors du commun d'une femme dont le destin sort résolument des sentiers battus et qui fait d'elle tout à la fois une victime et une héroïne.
Face à la parole singulière de Grisélidis et à ses dérives, se dresse « l'ordre moral » (Rénal Laban) qui joue en quelque sorte l'avocat du diable face à celle dont la vie fut une succession d'aventures sans lendemain et d'amours impossibles.

Le spectacle avait été donné au « P'tit Ouest » et se retrouve donc en Avignon. Julie Allainmat et sa compagnie ont dû se battre pour arriver à trouver les fonds nécessaires à cette résidence d'un mois dont ils attendent beaucoup ….

- Au « Verbe fou », rue des infirmières – Jusqu'au 31 juillet

Avignon quand tu nous tiens ...

Pinocchio retourne au lycée

Le Caliband Théâtre a investi le gymnase du Lycée Pasteur jusqu'à la fin du festival Il est vrai que la compagnie s'y trouve à l'aise avec une très bonne jauge, une climatisation adéquate et une adresse bien connue des festivaliers.... tout cela fait un faisceau d'éléments qui permet, en général de faire un bon séjour sous le soleil de la Cité des Papes. D'ailleurs le « Pinocchio » avec lequel Marie Mellier et Mathieu Létuvé sont descendus est ce qu'on appelle un spectacle qui « marche bien ». Une création en janvier au « Sillon » prolongée par une série de 25 représentations un peu partout dans la région. La saison 2113/2014, quant à elle, s'annonce bénéfique pour le petit héros de Carlo Collodi puisque près de 46 dates sont déjà arrêtées. Autant dire que le séjour avignonais du Caliband doit lui apporter la confirmation d'un succès déjà bien amorcé.

L'histoire commence avec la découverte du corps inanimé d'un pantin : Pinocchio. Elle se poursuivra à travers les péripéties d'une enquête qui fait appel à des témoins tous plus improbables les uns que les autres et dont les révélations constituent la trame d'une jolie variation autour de l'enfance et des imaginaires qu'elle déclenche.

- Jusqu'au 31 juillet – Lycée Pasteur – 13, rue du Pont Trouva

Notre photo : l'équipe du « Caliband » devant l'affiche de son spectacle

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