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Théâtre en Normandie

L'enregistrement de « Dido et Aeneas »

13 Mars 2015 , Rédigé par Vicaire François

L'enregistrement de « Dido et Aeneas »

L'élégance et la retenue du « Poème harmonique »

Vincent Dumestre n'est pas du genre à sacrifier aux sirènes de la mode. Son « Dido et Aeneas » dont on peut retrouver toutes les subtilités dans le DVD qui a été réalisé lors d'une des représentations donnée à l'Opéra de Rouen il y a pratiquement un an, en est la parfaite illustration.

L'enregistrement réalisé par Stéphane Vérité est d'une grande sobriété et se maintient dans les strictes conditions d'un spectacle sans l'alourdir de fioritures superfétatoires. Il restitue parfaitement cet équilibre qui allie une rigoureuse fidèlité à une vérité historique et musicale dans laquelle l'esprit, la lettre et bien évidemment la note forment un tout qui s'affranchit des lourdeurs d'un style sans s'encombrer pour autant des embarras de la convention.

Pourtant il est toujours périlleux de monter une œuvre de Purcell surtout dominée par la cantate et très peu par l'opéra. C'est si vrai que l'on considère « Didon et Enée » comme le seul qu'il ait jamais écrit et qui, destiné à être interprèté par des jeunes filles, resta longtemps quasi confidentiel.

Il fallait se libérer du carcan de l'oratorio pour humaniser l'ensemble et ne pas négliger la notion de fantastique chère aux arguments de l'époque.

Dans leur mise en scène Cécile Roussat et Julien Lubek usent de toutes les ressources de « machineries » spectaculaires et du concours bondissant d'une équipe de danseurs comme déjà Dumestre les avait utilisé par exemple, dans son « Carnaval baroque ».

Dans un environnement d'une grande beauté ( l'illustration du monde sous-marin est d'une remarquable poésie s'apparentant aux beautés fantasmagoriques de la bande dessinée), la distribution évolue avec la grâce du cérémonial sans pour autant négliger les déchirements de la tragédie humaine.

La distribution est d'une belle cohésion. Sur scène comme dans les cintres, elle fait valoir des virtuosités de style et de timbre d'une belle qualité.

On y retrouve Vivica Genaux qui, ayant oublié (on l'espère) une « Carmen » que la mise en scène rendait pour le moins aléatoire, retrouve l'univers pour lequel elle est faite et où elle démontre une grande beauté stylistique servie par un timbre superbe ; Le dépouillement et la passion déchrirée de son dernier duo avec Henk Neven (excellent Enée) et de son ultime grand air est tout à fait admirable comme sont admirables les choeurs de Rouen ( renforcés par Accentus) tout au long de l'action et entre autre dans la belle déploration finale. Quant à Vincent Dumestre, il dirige avec une retenue et un goût parfait l'ensemble de ce spectacle dans lequel on reconnaît l'élégance de son inspiration et la rigueur de son travail .

La participation de la chaîne « Mezzo » à la réalisation de ce DVD laisse penser qu'on le verra bientôt sur le petit écran . Pour l'instant il se trouve dans les bacs…. C'est une production qui fait honneur au « Poème Harmonique » et, par là même, à l'Opéra de Normandie .

Il faut en profiter !

photo : Frédéric Carnuccini.

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