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Théâtre en Normandie

Loïc Lachenal à l'Opéra de Rouen: les vertus dynamiques de la jeunesse

14 Octobre 2017 , Rédigé par François Vicaire

L'arrivée d'un directeur à l'Opéra de Rouen est toujours un événement.

Le nouveau venu est l'objet de curiosités et d'attentes qui ne sont pas les mêmes pour tout le monde.

Certains veulent un administratif pur et dur, d'autres appréhendent, tout en l'espérant, un artistique qui bousculent les habitudes séculaires de la maison et d'autres encore rêvent d'un personnage dont les qualités protéiformes pourraient concilier des fonctions tout à la fois contradictoires et complémentaires.

Autant dire que tous les espoirs convergent vers Loïc Lachenal.

Pour l'instant, il s'en tient à des aperçus rassurants tout en dévoilant à minima les batteries avec lesquelles il veut conduire cette grande machine plus facile à diriger qu'on ne le pense mais dont la maniabilité demande, néanmoins, un art consommé du slalom.

Question de prudence et de technique.

Venant de « Forces Musicales » où il avait la responsabilité d'une politique d'actions pour l'ensemble de la profession et par voie de conséquence pour l'avenir des théâtre lyriques, il sait de quoi il parle. De par sa fonction fédératrice, il possède une expérience qui le fait avancer à pas comptés dans une carrière qui prend, pour lui, un tour décisif.

Dans l'attente du label

Passer de l'autre côté du manteau d'Arlequin et prendre les rênes d'une maison d'opéra était pour lui une question d'opportunité. Elle s'est présentée sur l'assurance de voir les politiques engagées fortement affirmée dans le développement de la maison et la promesse d'une perspective d'extension régionale. La deuxième raison qui a déterminé sa candidature, c'est le « Label Opéra National » qui se pointe à l'horizon et qui devrait déclencher des actions bien spécifiques au niveau de la maison et de son avenir.

Et d'une certaine manière et dans un premier temps – le second était le projet artistique qui sera, dit Loic Lachenal, « la cerise sur le gâteau » - ce label sert de base de réflexion pour le futur directeur qu'il ambitionne d'être.

Il fera de l'Opéra de Rouen un  « Opéra lyrique d'intérêt national ». Son dossier est en cours d'attribution. Il faut en attendre encore la confirmation même si l 'affaire, déposée sur le bureau de la Ministre, est en bonne voie. Sans être la panacée universelle, il ouvrira des perspectives qui ne pouvaient que séduire celui qui doit être actuellement le plus jeune directeur de maison lyrique de France et dont les vertus dynamiques et d'audace propres à la jeunesse devraient trouver à Rouen un superbe champ d'exploration... et d'exploitation.

Ceux-ci, quoiqu'il arrive, s'ouvrent sur des exigences qui si situent à plusieurs niveaux : privilégier la création, développer un projet artistique ambitieux, mener une politique de diversification en direction de tous les publics et affirmer la dimension territoriale, voire nationale de la maison.

Toute cela repose, en premier lieu et surtout, sur une volonté des partenaires essentiels que sont la Région et la DRAC. En la matière, ils sont en première ligne et d'une certaine manière ce sont eux qui donnent le ton. Au directeur de moduler ensuite les visions qui se proposent à lui et de dessiner les grandes lignes d'une partition originale dont il sera, alors, le principal interprète.

Cela dit, il ne faut donc pas s'attendre, dans un premier temps à des changements majeurs dans le fonctionnement de la maison mais plutôt à une certaine mise à niveau dans la répartitions des tâches du moins en ce qui concerne son organisation.

Sur ce point Loïc Lachenal est précis : il ne faut pas s'attendre à un retour du ballet (ce qui ne veut pas dire, ajoute-t-il, rassurant, qu'il n'y aura pas spectacle de danse)... L'orchestre restant l'épine dorsale d'une maison d'opéra, celui de Rouen garde ses structures et ses fonctions telles qu'elles sont déterminées depuis le renouveau opéré depuis une vingtaine d'années... Il n'y aura pas de chef attitré donc pas de directeur musical qui imposerait sa « patte » mais une diversité de personnalités invitées le temps d'un ouvrage... La masse chorale, enfin, restera selon les demandes constituée d'éléments fixes et d'intermittents encadrés par « Accentus ».

Le reste sera une question de contenu et on n'en est pas encore là.

La chapelle Corneille ? Oui mais …

En effet, restant volontairement dans le flou en ce qui concerne la saison elle-même, Loïc Lachenal nous apprend tout de même que la Chapelle du Lycée Corneille sera rattachée à la Maison sans devenir pour autant une seconde salle d'opéra. Elle devra avoir une autonomie qui sauvegardera l'esprit du lieu (entre autre avec « Le Poème Harmonique ») mais qui tiendra compte des exigences de chacun dans l'établissement de son calendrier.

Pour Loïc Lachenal il n'y a pas d'exclusive liée à la chapelle. On peut tout y faire dans la mesure où ce qu'on y fera sera logique par rapport à ce qu'on va lui demander : Musique baroque ?, musiques du monde ?, jazz ? oui mais pas n'importe quoi ni de n'importe quelle façon. Et quand on lui parle d'acoustique, le jeune homme de son temps balaie les objections. Pour lui, le micro n'est pas un ennemi. Il suffit de savoir l'utiliser et les techniques modernes d'audition sont faites pour cela.

Comme on le voit, le regard est neuf, curieux, intéressant dans ce qu'il veut montrer et faire entendre avec une volonté de ne rien négliger, même s'il lui faut emprunter des chemins de traverse, pour dessiner des bonheurs tout neufs.

Il faudra, maintenant, attendre le mois de mai pour connaître les secrets d'une programmation dont il se refuse, pour l'instant, à jeter même une esquisse.

Avec une fermeté souriante, Loïc Lachenal garde par devers lui des surprises en réserve dont cette fameuse « cerise » dont il veut surmonter la pièce montée de ses ambitions... et celles de nos plaisirs

Photos de Jean Pouget

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