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Théâtre en Normandie

Solène, Angèle et Cécile : les reines de la Magouille et de la bidouille

17 Octobre 2013 , Rédigé par Vicaire François

Solène, Angèle et Cécile : les reines de la Magouille et de la bidouille

Si l'on en croit le Larousse, une magouille est un agissement dans l'ombre au sein d'un groupe, d'une institution, en vue de la défense d'intérêts peu avouables ; manœuvres plus ou moins malhonnêtes pour arriver à ses fins . Quand elles ont choisi le titre de leur compagnie Solène Briquet, Angèle Gilliard et Cécile Lemaître ne se sont pas arrêtées à cette vision quelque peu restrictive et ont préféré y voir la richesse d'une rime qui donnait avec « Bidouille » une définition beaucoup plus proche de leurs intentions. D'ailleurs, les deux mots ont un dénominateur commun qui est la manipulation et c'est tout dire !

« La Magouille », c'est en effet un projet qui a pour ambition de donner à l'art de la marionnette de nouvelles significations et des prolongements échappant au seul domaine de l'enfance.

D'où une « bidouillerie » revendiquée et dans laquelle se sont lancées ces trois charmantes jeunes rouennaises, qui après des parcours d'une grande richesse universitaire et théâtrale se sont retrouvées en classe de marionnettes au Conservatoire d'Amiens puis à Paris au « Théâtre aux mains nues ». Des parcours au cours desquels elles se sont, si l'on peut dire, reconnues et qui leur ont permis d'affiner des désirs qu'elles ont décidé de mettre en commun tout en gardant chacune leurs propres ressources de comédienne, de metteure en scène et de marionnettiste avec l'ambition avouée de faire bouger les choses …

Leur premier spectacle,« Cet enfant » de Joël Pommerat, les fera connaître et leur donnera l'occasion de rencontrer Sophie Descamps, directrice du « Passage » à Fécamp qui leur proposera une résidence en 2011. Elles ont trouvé dans la maison une qualité d'accueil et des possibilités de travail qui les ont incité à renouveler avec bonheur l'expérience. Elles y sont revenues tout dernièrement pour mettre la dernière main (et le dernier fil) à « M/W ou le maître et Marguerite » de Mikhaïl Boulgakov; Un livre, plusieurs fois remis en chantier par son auteur, dans lequel le fantastique, le réel, l'actualité et l'histoire se rencontrent et se catapultent dans une conflagration de sentiments et d'événements en étroite corrélation avec les soubresauts qu'a connus l'Union Soviétique.

Une forme et un texte qui entrent parfaitement dans la démarche qu'elles ont entreprise autour du travail de manipulation :

« Nous commençons par trouver un texte, puis de le travailler et ensuite de l'adapter à la marionnette qui n'est plus seulement un moyen mais qui à travers une démarche d'appropriation débouche sur un véritable travail d'acteur. La marionnette évolue en fonction des textes mais les textes sont susceptibles d'évoluer en fonction des marionnettes elles-mêmes... selon leur texture qui conditionne le mouvement et, par la force des choses, sur ceux qui les animent et sur les rapports qu'elles finissent par entretenir avec les comédiens. La nature même de leurs évolutions – et de leur évolution - en font des personnage qui ont leur réalité propre. A chaque fois, le récit peut se renouveler. La découverte se fait au même titre que celle d'un comédien face à un nouveau texte. L'adaptation mécanique de la façon dont le mouvement se crée va souvent de pair avec celui de l'écriture. Ainsi le texte des comédiens qui participent au spectacle et l'acte théâtral confié aux marionnettes, se rencontrent, peuvent se contredire parfois... comme le personnage d'un livre ou d'une pièce au fur et à mesure de son élaboration, peut échapper à son auteur... la marionnette peut en faire autant... Nous leur donnons le mouvement mais elles nous donnent intellectuellement leur propre marche à suivre. Nous voulons faire échapper la marionnette au seul domaine de l'enfance pour lui donner une dimension dramatique qui soit en cohérence avec notre époque, même au niveau des évolutions techniques comme le numérique... ».

Tour à tour ou simultanément comédienne, manipulatrice, auteure ou metteure en scène Solène Briquet, Angèle Gilliard et Cécile Lemaître « bidouillent » véritablement et dans le bon sens du terme.

Février sera un temps fort pour la compagnie puisqu'elle investira à Rouen, tout à la fois la Chapelle Saint-Louis et le Hangar 23 pour présenter deux de ses spectacles- phares, à savoir « Cet enfant » de Joël Pommerat et « M/W ou le maître et Marguerite » ainsi qu'une adaptation de « l' Enfer » de Dante pour laquelle elle va reprendre ses habitudes le temps d'une résidence à Fécamp en décembre.

D'ici là il se pourrait que Solène Briquet, Angèle Gilliard et Cécile Lemaître signent avec Rouen une convention qui leur permettrait d'avoir un point de chute sans pour autant abandonner cet esprit d'aventure et de découvertes qu'elles affectionnent et qui privilégie une philosophe d'équipe qui prend de la densité et, d'une certaine manière, de tirer les ficelles du cœur et de l'esprit.

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