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Théâtre en Normandie

Christian Sauvé et Marie-Ange Rialland : les amoureux de Saint-Maclou

7 Octobre 2013 , Rédigé par Vicaire François

Christian Sauvé et Marie-Ange Rialland : les amoureux de Saint-Maclou

Quand il était gamin, il lui arriva plusieurs fois d'aller jouer les jours de patronage sous les frondaisons vénérables de l'Aitre Saint-Maclou. Christian Sauvé ne se doutait pas à l'époque que quelques années plus tard, il viendrait y faire ses classes d'artiste et beaucoup plus tard encore qu'il en serait un des piliers puisqu'il enseigna à l'Ecole des Beaux-Arts de Rouen pendant 37 ans. C'est là qu'un beau jour dans un des petits cafés qui jouxtent de , il prit le pot de l'amitié qui n'était pas encore celui de l'amour avec une toute jeune fille inscrite dans la section « décoration » qui s'appelait Marie-Ange Rialland et qu'il demandera en mariage le jour de son admission à la Casa Velasquez.

Depuis, ils ne se sont plus quittés

Mais c'est aller un peu vite dans la chronologie qui mènera ces amoureux de Saint-Maclou à connaître chacun de leur côté l'exaltante expérience de la vie d'artiste et de s'engager dans une histoire d'amour née au cœur ce quartier tout bruissant de jeunesse et d'imagination qui risque d'ici peu de perdre un peu de son âme :

« On était cajolé dans cette école. C'était une grande famille au sein de laquelle, déjà, on évoquait son déplacement sans que jamais on l'ai vu venir... l'école à Saint-Maclou, c'était une immersion dans la vie. Il suffisait de passer la porte pour se trouver dans la beauté et de trouver tous les prétextes à dessiner ou à peindre. C'est un environnement exceptionnel et les élèves pouvaient se lancer dans des excursions esthétiques qui allaient de l'Hôtel de Ville à ce Pré-aux-loups en bord de Seine qui a servi de toile de fond à toute l'école de Rouen ... ».

Il n'y pas de regret chez Christian Sauvé dont la riche carrière lui a permis de se désencombrer des nostalgies inutiles, tout juste une nostalgie pour une vie de quartier qui va, l'école s'en allant, changer de ton et d'humeur. Les souvenirs qu'il en a remontent à sa prime jeunesse quand ses parents virent se profiler chez ce jeune garçon qui n'avait pour l'école de Jules Ferry que des préoccupations annexes au profit d'aspirations artistiques dont on disait alors que « ce n'était pas un métier ». Pas un métier mais une raison de vivre qui le tenaillera assez pour qu'à l'âge de douze, le jeune arpette qui travaillait dans un atelier de la rue Armand-Carrel, réussisse à se faufiler, si l'on dire direr, rue Martainville pour suivre les cours du soir de Léon Toublanc, professeur de peinture et de fresque qui assistera et présidera en quelque sorte à la naissance et à l'épanouissement de sa carrière.

C'est l'époque – on est dans les années 50-60 - où le bel Hôtel d'Aligre était une annexe de l'école. Entre les impératifs d'un métier qui l'ennuie et une passion qui l'habite, Sauvé va se faire une place dans les cours du soir qui se dérouleront d'abord dans les pièces de la rue Damiette.

«L'école était un véritable espace de liberté. Nous avions à notre disposition une petite pièce avec un poêle autour duquel nous nous regroupions avec un ou deux modèles. Au début nous étions quatre ou cinq et puis progressivement le groupe s'est étoffé pour arriver à 25 et même à 50 élèves. Devant le succès de cette initiative chapeautée par Léon Toublanc et sur laquelle Monsieur Herr, le directeur de l'école, fermait les yeux, on en vint à nous confier la salle dite «des antiques» à l'Ecole même. Le portier de l'époque était un peu notre complice. Il ne s'occupait pas vraiment des horaires et nous ouvrait la porte dès que nous le voulions. C'était la liberté dans une ambiance que renforçait l'impression de cocon que nous donnait l'Aître lui-même et d'évasion esthétique dès que l'on en sortait ».

C'est l'époque où il veut et va peindre . Il fréquente des jeunes fous comme Borde, Sébire, Vaumousse qui vont redonner des couleurs aux cimaises rouennaises. Porté par l'aide affectueuse de Gaston Menuisement qui sera le premier à lui ouvrir sa galerie, il part pour Paris où poussé par son professeur Maurice Brianchon, il se risquera à briguer la villa Médicis qu'il manquera de peu.

Un diplôme ... et une jeune mariée !
Il se rattrapera avec la casa Velasquez cet autre grand concours généré à Madrid par l'Institut de France. Le destin donnera ce coup de pouce à la chance qui l'attendait. Habitant le quartier, il était venu un peu plus tôt que d'habitude, juste à temps pour s'inscrire à ce concours. Il en sortira premier, deviendra un héros de l'Ecole et partira pour Madrid avec plein de projets dans ses cartons et au bras une toute jeune mariée. qui va le suivre dans la vie et en même temps poursuivre sa carrière d'enseignante et d'artiste avec l'enthousiasme et l'indépendance qu'on lui connaît.

Quand il reviendra au bout de deux ans, il prendra tout naturellement sa place d'enseignant dans la maison.

Indissociables dans l'art comme dans la vie, Christian Sauvé et Marie-Ange Rialland sont exemplaires de cette vie frémissante, intense, joyeusement créatrice qui donnait à l'Ecole des Beaux-Arts, au cœur même de Rouen, une dimension humaine et artistique qui a marqué tous ceux qui l'on partagée.

Il reste aux générations qui vont prendre possession du collège Jean-Giraudoux de la Grand-Mare d'y tracer de nouvelles pistes et donner de nouvelles formes et de nouvelles couleurs à leur avenir d'artiste comme l'ont fait leurs grands aînés en attendant que naissent ceux qui seront, un jour, les mariés de la Grand-Mare

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